L’avenir de l’Afrique francophone se joue en Côte d’Ivoire
Abidjan.net
Publié le jeudi 27 janvier 2011 | Le Temps
La France voit disparaître progressivement son hégémonie d’autrefois en Afrique. Alors
qu’ils étaient seuls avant la colonisation et après le retrait soviétique dans les années 1980, les Occidentaux affrontent aujourd’hui, un concurrent de taille qui ne cache pas ses ambitions en Afrique : la Chine. Derrière le conflit de succession à la présidence de la République ivoirienne se joue, en réalité, le conflit d’influence entre le monde occidental et la Chine mais aussi avec d’autres puissances émergentes comme l’Inde. Il y a au-delà tout le conflit sur le contrôle des ressources naturelles de ce pays et de ce nouvel Eldorado pétrolier qu’est le Golfe de Guinée. Un peu partout dans le continent, Français, Britanniques et Américains perdent des marchés au profit des nouveaux partenaires (Chine, Inde, etc.). Après la contestation dans le monde arabe et latino-américain contre les intérêts pétroliers des firmes occidentales, l’Occident ne souhaite plus perdre le continent africain qui est le seul espace qui lui reste soumis.
Les milieux politiques occidentaux voient ainsi en Laurent Gbagbo celui qui représente cette Afrique qui cherche à se soustraire du contrôle occidental pour affirmer sa souveraineté tandis que Alassane Ouattara, «ami» des Français (en particulier de Sarkozy), ancien Directeur adjoint du Fmi, représente le gestionnaire idéal (parce que libéral) de la Côte d’Ivoire. Il est sur la droite ligne des interlocuteurs appréciés à Washington, Londres, Paris et Bruxelles.
Nous sommes en présence de l’éternel conflit entre pro et anti qui était extériorisé entre Lumumba et Mobutu. Au Congo, l’Occident avait utilisé de gros moyens pour liquider Lumumba et installer Mobutu au pouvoir parce que celui-ci défendait bec et ongles les intérêts des firmes et des puissances occidentales. Le sort de la Côte d’Ivoire risque de ressembler à celui du Congo si on n’y prend garde.
Gbagbo, comme Lumumba, est vu comme un nationaliste dangereux tandis que Ouattara, comme Mobutu, est l’homme de l’ouverture du marché ivoirien aux intérêts des firmes et Nations étrangères. Le décor congolais des années 1960 est bien planté en Côté d’Ivoire.
Autrefois au Congo, la communauté internationale, en s’appuyant sur l’Onuc (l’Onu au Congo), était unanime quant à la liquidation physique de Lumumba, de la même façon, dans le cas de la Côte d’Ivoire, la même communauté internationale, en s’appuyant sur l’Onu en Côte d’Ivoire, est unanime quant à la liquidation de Gbagbo.
Le conflit en Côte d’Ivoire est un exemple de la renaissance de la guerre froide, c’est-à-dire
de la guerre entre l’Ouest et l’Est sur le territoire africain et pour des intérêts extérieurs au
continent. Mais est-ce que les Africains comprennent cela ?
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Publié le jeudi 27 janvier 2011 | Le Temps
La France voit disparaître progressivement son hégémonie d’autrefois en Afrique. Alors
qu’ils étaient seuls avant la colonisation et après le retrait soviétique dans les années 1980, les Occidentaux affrontent aujourd’hui, un concurrent de taille qui ne cache pas ses ambitions en Afrique : la Chine. Derrière le conflit de succession à la présidence de la République ivoirienne se joue, en réalité, le conflit d’influence entre le monde occidental et la Chine mais aussi avec d’autres puissances émergentes comme l’Inde. Il y a au-delà tout le conflit sur le contrôle des ressources naturelles de ce pays et de ce nouvel Eldorado pétrolier qu’est le Golfe de Guinée. Un peu partout dans le continent, Français, Britanniques et Américains perdent des marchés au profit des nouveaux partenaires (Chine, Inde, etc.). Après la contestation dans le monde arabe et latino-américain contre les intérêts pétroliers des firmes occidentales, l’Occident ne souhaite plus perdre le continent africain qui est le seul espace qui lui reste soumis.
Les milieux politiques occidentaux voient ainsi en Laurent Gbagbo celui qui représente cette Afrique qui cherche à se soustraire du contrôle occidental pour affirmer sa souveraineté tandis que Alassane Ouattara, «ami» des Français (en particulier de Sarkozy), ancien Directeur adjoint du Fmi, représente le gestionnaire idéal (parce que libéral) de la Côte d’Ivoire. Il est sur la droite ligne des interlocuteurs appréciés à Washington, Londres, Paris et Bruxelles.
Nous sommes en présence de l’éternel conflit entre pro et anti qui était extériorisé entre Lumumba et Mobutu. Au Congo, l’Occident avait utilisé de gros moyens pour liquider Lumumba et installer Mobutu au pouvoir parce que celui-ci défendait bec et ongles les intérêts des firmes et des puissances occidentales. Le sort de la Côte d’Ivoire risque de ressembler à celui du Congo si on n’y prend garde.
Gbagbo, comme Lumumba, est vu comme un nationaliste dangereux tandis que Ouattara, comme Mobutu, est l’homme de l’ouverture du marché ivoirien aux intérêts des firmes et Nations étrangères. Le décor congolais des années 1960 est bien planté en Côté d’Ivoire.
Autrefois au Congo, la communauté internationale, en s’appuyant sur l’Onuc (l’Onu au Congo), était unanime quant à la liquidation physique de Lumumba, de la même façon, dans le cas de la Côte d’Ivoire, la même communauté internationale, en s’appuyant sur l’Onu en Côte d’Ivoire, est unanime quant à la liquidation de Gbagbo.
Le conflit en Côte d’Ivoire est un exemple de la renaissance de la guerre froide, c’est-à-dire
de la guerre entre l’Ouest et l’Est sur le territoire africain et pour des intérêts extérieurs au
continent. Mais est-ce que les Africains comprennent cela ?
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