L'opération militaire en Libye est une intervention humanitaire, affirment les États-Unis
25 mars 2011
Washington - Le rôle des États-Unis dans la mise en œuvre des résolutions 1970 et 1973 du Conseil de sécurité des Nations unies a pour objectif limité de mettre fin aux attaques menées contre la population libyenne par les forces loyales au colonel Mouammar Kadhafi, et de répondre à la crise humanitaire provoquée par les actions de ce dernier.
Le sous-secrétaire d'État adjoint aux affaires africaines, M. Bruce Wharton, a déclaré le 25 mars lors d'une téléconférence organisée avec la presse africaine que les mesures de l'ONU ne visaient « aucun changement de régime », et qu'il revenait aux Libyens eux-mêmes de décider de leurs dirigeants.
Mais il a ajouté que « le peuple libyen ne pouvait prendre cette décision que dans un climat dépourvu de violence et de répression politique ».
M. Wharton a exhorté tous ceux qui se soucient du bien-être du peuple libyen « à se dresser et à se joindre aux autres membres de la communauté internationale pour demander au colonel Kadhafi de cesser ses attaques contre ses propres citoyens et de leur donner la chance de (...) déterminer leur propre avenir dans la sécurité et la paix qu'ils méritent ».
La secrétaire d'État, Mme Hillary Rodham Clinton, a annoncé le 24 mars que les États-Unis transféraient les responsabilités de commandement et de contrôle de la zone d'exclusion aérienne mandatée par l'ONU au-dessus de la Libye à l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord. À cet égard, M. Wharton a souligné que le rôle directeur joué par les États-Unis pour instaurer ladite zone « touchait à sa fin ».
Il a noté cependant que la décision des États-Unis de participer à l'intervention internationale était fondée sur l'intérêt humanitaire du fait que les forces du colonel Kadhafi utilisaient leurs armes contre la population civile, et elle donnait suite à « la requête sans précédent » faite par la Ligue arabe pour une intervention de la communauté internationale que les résolutions de l'ONU avaient alors soutenue.
« Nous devons nous rappeler la situation telle qu'elle était au début de l'intervention et les succès que nous avons observés jusqu'ici. L'alternative à l'action commune que nous avons entreprise aurait été de voir une catastrophe humanitaire se produire et d'ignorer les appels explicites lancés par la Ligue arabe. C'est tout simple : nous n'étions pas prêts à faire cela et nos partenaires non plus », a dit M. Wharton.
Rappelant dans un éditorial publié le 24 mars qu'un million de Rwandais avaient été massacrés en 1994, avec l'appui du gouvernement, le président rwandais Paul Kagame s'est dit encouragé par l'intervention de la communauté internationale en Libye. Il y voit un signe que la communauté internationale a tiré les leçons de son inaction au Rwanda.
« À en juger d'après ce que le monde a vu à la marge de ce conflit, faute d'intervention, le bombardement des bourgades et des villes se serait poursuivi, Benghazi aurait très probablement fait les frais de la furie du gouvernement et les morts auraient bien pu se compter par centaines de milliers », écrit-il.
Paul Kagame déclare que le Rwanda appuie cette intervention, considérant que « la morale l'exige ». « Ce point de vue repose sur le fait que nous avons été témoins de l'inaction internationale et que nous avons souffert de ses terribles conséquences », ajoute-t-il.
À la question de savoir pourquoi les États-Unis s'étaient associés aux opérations militaires de la communauté internationale visant à protéger les civils libyens, alors qu'ils ne mettaient pas en œuvre des moyens du même ordre pour protéger le peuple ivoirien contre les attaques des forces fidèles au président sortant Laurent Gbagbo, M. Wharton a fait la réponse suivante :
« Chaque conflit est complexe et nécessite une analyse et des mesures qui lui sont propres. » Dès lors, a-t-il ajouté, le rôle des États-Unis ne sera pas toujours le même. Dans le cas de la Libye, « un appel très clair en faveur du type d'action que nous menons actuellement » a émané de la Ligue arabe et des Nations unies.
En Côte d'Ivoire, a-t-il expliqué, le gouvernement Obama appuie les efforts déployés par les Africains pour parvenir à la passation pacifique des pouvoirs de Laurent Gbagbo à son successeur élu à l'issue d'un scrutin honnête, Alassane Ouattara. En outre, il apporte son concours et des équipements à la mission des Casques bleus en Côte d'Ivoire, qui s'emploient à protéger les civils et qui ont fourni une aide humanitaire à hauteur de 29 millions de dollars aux réfugiés et aux personnes déplacées. Qui plus est, les États-Unis ont imposé des restrictions et des sanctions financières contre Gbagbo et d'autres membres de son régime et ils s'emploient à isoler ces individus au plan diplomatique.
« Nous ne réagissons pas envers la Côte d'Ivoire comme nous le faisons envers la Libye parce que les deux situations sont différentes et parce que l'appel à l'aide n'a pas été le même non plus », a insisté M. Wharton.