Madagascar : La génération Z se soulève contre les coupures d'électricité et d'eau


 

Une vague de protestations sans précédent secoue actuellement Madagascar, portée par une jeunesse déterminée qui refuse la résignation face aux conditions de vie dégradées. Ce mouvement, baptisé "Gen Z", illustre la colère d'une génération qui exige des changements concrets dans un pays où trois quarts de la population vit sous le seuil de pauvreté.

Des coupures qui exaspèrent le quotidien

Au cœur de cette mobilisation se trouve une revendication simple mais vitale : l'accès constant à l'eau et à l'électricité. Les habitants d'Antananarivo, la capitale, subissent des coupures incessantes qui laissent souvent les foyers et entreprises sans électricité pendant plus de 12 heures d'affilée. Ces dysfonctionnements répétés paralysent l'économie locale et rendent la vie quotidienne particulièrement difficile.

Pour une population où environ 75% des 30 millions d'habitants vivent dans la pauvreté selon les données de 2022, ces problèmes d'infrastructure représentent bien plus qu'un simple inconvénient : ils symbolisent l'échec des politiques publiques à garantir les services de base.

Un mouvement spontané et sans leader

Ce qui caractérise ce soulèvement, c'est son aspect organique et décentralisé. Contrairement aux mouvements politiques traditionnels, la Gen Z malgache se revendique apolitique. Il s'agit d'un collectif sans leader identifié, uni par des revendications concrètes plutôt que par une idéologie partisane.

Cette génération, qui a grandi avec les réseaux sociaux, organise ses actions de manière horizontale et collaborative. Elle refuse de se laisser récupérer par les partis politiques existants et souhaite alerter l'opinion publique bien au-delà des frontières de Madagascar.

L'escalade du 25 septembre

Les tensions ont culminé le 25 septembre 2025, malgré l'interdiction gouvernementale des manifestations annoncée la veille. Les autorités locales avaient invoqué des préoccupations concernant les troubles civils pour justifier cette interdiction.

Des centaines de manifestants, majoritairement jeunes, ont bravé cette interdiction et ont bloqué les routes avec des pneus en feu et des pierres. Face à cette mobilisation, les forces de sécurité ont réagi avec fermeté, utilisant des balles réelles et des gaz lacrymogènes pour disperser la foule.

La stratégie du discrédit

Selon plusieurs observateurs, les véritables manifestants de la Gen Z ne seraient pas responsables des actes de vandalisme et de pillage qui ont marqué ces journées de protestation. Les banques et magasins pris pour cible auraient été attaqués par des individus payés par certaines personnes cherchant à discréditer le mouvement légitime de la jeunesse.

Cette tactique, qui consiste à infiltrer des manifestations pacifiques avec des provocateurs, viserait à détourner l'attention des revendications réelles et à justifier une répression plus sévère. Les vrais militants de la Gen Z dénoncent ces agissements qui ternissent l'image de leur mouvement.

Un couvre-feu pour restaurer l'ordre

Face à l'escalade de la violence et aux pillages, les autorités ont imposé un couvre-feu du crépuscule à l'aube dans les zones les plus touchées. Cette mesure d'urgence vise à empêcher de nouveaux débordements, mais elle illustre également l'ampleur de la crise sociale qui traverse le pays.

L'échec gouvernemental pointé du doigt

Beaucoup accusent le gouvernement du président Andry Rajoelina de ne pas avoir réussi à améliorer les conditions de vie des citoyens depuis sa réélection en 2023. Les promesses de développement et de modernisation des infrastructures tardent à se concrétiser, alimentant la frustration populaire.

Cette situation met en lumière les défis structurels auxquels fait face Madagascar : un pays riche en ressources naturelles mais où les inégalités persistent et où les services publics de base peinent à fonctionner correctement.

Un mouvement qui interpelle

Le soulèvement de la Gen Z malgache dépasse les simples revendications matérielles. Il témoigne de l'émergence d'une nouvelle génération politique, organisée de manière horizontale et déterminée à ne plus accepter la fatalité de la pauvreté et des dysfonctionnements publics.

Ce mouvement, par son caractère spontané et apolitique, pose des questions importantes sur l'avenir démocratique de Madagascar et la capacité des institutions actuelles à répondre aux aspirations légitimes de la jeunesse. L'issue de cette crise sociale pourrait bien déterminer l'orientation politique du pays pour les années à venir.


Articles les plus consultés