Somalie. Famine : les oubliés de la Corne de l'Afrique


En Afrique de l'Est, la sécheresse frappe plus de 12 millions de personnes, entraînant une crise humanitaire grave. La mobilisation française et internationale n'est pas suffisante.
La famine qui sévit actuellement dans les pays de la Corne de l'Afrique, « la plus sévère crise humanitaire dans le monde », ne mobiliserait pas les Français. Jusqu'à présent, seuls 9 millions d'euros ont été récoltés auprès de dix associations humanitaires, contre 350 millions d'euros lors du tsunami de 2004 en Asie ou encore 150 millions pour le séisme d'Haïti en 2010. Manque de générosité des Français ?
Antoine Peigney, de la Croix-Rouge française, n'est pas de cet avis. «Ces chiffres ne sont pas comparables. La famine dans la Corne de l'Afrique est un problème qui dure depuis deux ans. Ce n'est pas comme une catastrophe qui a lieu à un instant T. Il est plus difficile de mobiliser des donateurs sur une période longue, et d'autant plus en été ».
Les associations humanitaires tirent tout de même la sonnette d'alarme. Oxfam, l'une d'entres elles, affirme ainsi que « les efforts de la communauté internationale ne suffisent actuellement pas pour juguler une crise qui prend des proportions démesurées ».
La crise humanitaire touche plus de 12, 4 millions de personnes dans la Corne de l'Afrique, et pourrait « dépasser 15 millions si des mesures d'urgence ne sont pas prises », dit l'organisation. En Somalie, épicentre de la famine, 3,2 millions de personnes ont besoin d'une aide d'urgence. Mais selon l'Onu, 1,47 milliard de dollars manque encore à l'appel pour faire face à la crise qui devrait durer jusqu'en décembre 2 011.
Et si l'aide de la France est passée de 10 à 30 millions d'euros, les promesses de dons sont encore trop peu nombreuses : « Nous avons lancé un appel aux dons d'un milliard de dollars, mais nous n'avons récolté que 442 millions », explique Élizabeth Byrs, du Bureau de coordination des affaires humanitaires (Ocha).
Pourtant en 1984, lors de la famine en Éthiopie, un élan de solidarité mondial était né, notamment à travers une mobilisation d'artistes. Pour Antoine Peigney, « aujourd'hui, les gens se mobiliseront quand on saura leur parler. C'est aux médias d'expliquer la situation de sécheresse et surtout l'urgence ».

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