Côte d'Ivoire: Gbagbo exige le départ de l'ONU et de la force française

AFP
De Christophe KOFFI

ABIDJAN — Laurent Gbagbo a exigé samedi le départ "immédiat" de Côte d'Ivoire des Casques bleus de l'Onuci et de la force militaire française Licorne, alors que la communauté internationale lui enjoint de céder le pouvoir au plus vite à son rival Alassane Ouattara.

Cette annonce intervient au moment où une reprise de la quasi-guerre civile de 2002-2003 - qui avait conduit à l'envoi de ces forces d'interposition - est de plus en plus redoutée par les Ivoiriens comme à l'extérieur.

Après l'élection controversée du 28 novembre, Gbagbo et Ouattara, reconnu président par l'ONU et la France notamment, se disputent le pouvoir. Leur duel a déjà débouché jeudi sur des violences ayant fait au moins onze morts et des scènes de guerre à Abidjan et dans l'intérieur du pays.

Le gouvernement "s'oppose d'ores et déjà au renouvellement de cette opération qui expire le (lundi) 20 décembre 2010", accusant l'Onuci d'avoir soutenu ces derniers jours des éléments de l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN), alliée à Ouattara.

"La récréation est terminée!", a déclaré plus tôt à l'AFP Charles Blé Goudé, leader de la jeunesse pro-Gbagbo, illustrant le durcissement de son camp, de plus en plus isolé sur la scène internationale tandis qu'il semble garder les commandes dans le pays.

"Nous allons défendre la dignité et la souveraineté de notre pays jusqu'à la dernière goutte de notre sueur", a affirmé le chef des "jeunes patriotes" et ministre de la Jeunesse de Gbagbo.

"Je demande à tous les Ivoiriens de s'apprêter à livrer ce combat, on va libérer totalement notre pays", a poursuivi celui qui fut le fer de lance de violentes manifestations anti-françaises en 2003 et 2004 et reste soumis à des sanctions de l'ONU.

Un rassemblement des "jeunes patriotes" était prévu samedi après-midi dans le quartier pro-Gbagbo de Yopougon à Abidjan.

Autre signe d'une montée de la tension: une patrouille de l'Onuci, puis le siège même de l'opération à Abidjan, ont essuyé dans la nuit de vendredi à samedi des tirs d'"hommes armés vêtus de tenues militaires et voyageant dans un véhicule civil", a annoncé l'Onuci.

L'ONU, l'Union africaine, la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) ainsi que l'Union européenne et les Etats-Unis - qui ont brandi la menace de sanctions - ont haussé le ton ces dernières heures pour obtenir le départ de Gbagbo.

Le président français Nicolas Sarkozy, qui compte 15.000 ressortissants dans le pays, a prévenu que Gbagbo devait partir "avant la fin de la semaine". Sinon, il figurera "nommément" avec son épouse Simone sur la liste des personnes visées par des sanctions de l'UE, a-t-il dit.

En visite vendredi à Abidjan, le président de la Commission de l'UA, Jean Ping, avait remis à Gbagbo une lettre du président en exercice de la Cédéao, le chef de l'Etat nigérian Goodluck Jonathan, lui demandant de quitter le pouvoir "immédiatement".

Côté Ouattara, on n'entend pas relâcher la pression, malgré l'échec d'une tentative de marche sur la RTI et le siège du gouvernement, aux mains du camp adverse.

La marche a été réprimée dans le sang jeudi par les Forces de défense et de sécurité (FDS) fidèles à Gbagbo et le bilan de cette journée se situe entre 11 et une trentaine de morts, manifestants, FN et FDS, selon diverses sources.

Si vendredi les partisans de Ouattara sont restés chez eux, la coalition qui le soutient les a cependant exhortés à demeurer "mobilisés".

Après avoir été la veille quasiment une ville morte, Abidjan restait calme samedi, mais certains quartiers populaires comme Treichville (sud) s'animaient peu à peu.


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