Côte d'Ivoire: L'attente fébrile

le JDD

La Côte d'Ivoire attend toujours le nom de son futur président. La publication des résultats partiels par la Commission électorale, prévue mardi, a été reportée après que des partisans de Laurent Gbagbo ont empêché le porte-parole de les lire. Les partisans de son rival, Alassane Ouattara, accusent le président sortant de bloquer l'annonce des résultats, se sachant battu. Dans le pays, la tension est palpable. 
 
Les Ivoiriens vivent, dans l'angoisse, de longues heures d'attente. Depuis la tenue du second tour de l'élection présidentielle dimanche - qui a opposé le président sortant Laurent Gbagbo à Alassane Ouattara -, les rumeurs vont bon train dans les rues du pays. Et le report de la publication des résultats partiels par la Commission électorale ivoirienne (CEI) n'a pas contribué à apaiser la situation. 

La proclamation de ces tout premiers résultats était initialement prévue mardi. Mais la conférence de presse de la Commission électorale a tourné court, lorsque des partisans de Laurent Gbagbo ont déchiré la feuille de résultats qu'un porte-parole s'apprêtait à lire. Ils ont dénoncé un "hold-up électoral", estimant que ces résultats n'étaient en rien conformes à la réalité. 

La Commission a jusqu'à mercredi soir

L'opposition y a aussitôt vu un signe de sa victoire, accusant le président sortant de bloquer l'annonce des résultats, se sachant battu. "Le camp présidentiel tente d'empêcher la proclamation des résultats. Si M. Laurent Gbagbo savait qu'il est le vainqueur, il n'empêcherait pas la CEI de parler à la radio et à la télévision (...) Gbagbo sait qu'il a perdu", a ainsi déclaré à l'agence Reuters le directeur de campagne d'Alassane Ouattara, Marcel Amon Tanoh. 

Dans ce contexte, la diffusion des résultats partiels a donc été reportée à mercredi, 12h, heure de Paris. Mais à 15h, toujours rien. Le camp de Laurent Gbagbo a d'ores et déjà fait savoir qu'il entendait contester les résultats du Nord, fief d'Alassane Ouattara. Selon les proches du chef de l'Etat sortant, les anciens rebelles des Forces nouvelles auraient empêché les électeurs pro-Gbagbo de se rendre aux urnes. La Commission électorale a jusqu'à mercredi soir pour proclamer les résultats de l'élection présidentielle. Si elle ne le fait pas, deux scénarios sont envisageables: selon la voie légale, le Conseil constitutionnel pourrait être saisi pour examiner les résultats, mais on craint que les deux camps n'en profitent pour s'autoproclamer vainqueur du scrutin ou le Conseil. 

Inquiétudes à l'étranger

A l'étranger, on craint que la situation ne dégénère et que le scrutin, censé symboliser la réconciliation entre le nord et le sud du pays, après la guerre civile, ne replonge la Côte d'Ivoire dans la violence. Ces derniers jours, plusieurs voix se sont élevées pour appeler au calme, alors que de nombreux militaires sont déployés dans les rues du pays. "Ce que j'espère franchement, c'est que la Côte d'Ivoire, qui a toujours été un modèle de démocratie en Afrique, permettra effectivement de conserver voire de relancer cette image avec un calme entourant les résultats qui seront proclamés", a ainsi déclaré la ministre française des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, sur Europe 1 mercredi matin, disant attendre la publication des résultats "aujourd'hui"

La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a quant à elle appelé dès mardi "les dirigeants ivoiriens à agir de manière responsable et pacifiquement". "Nous enjoignons les candidats à permettre, sans y faire obstacle, le décompte et la proclamation des résultats et à respecter ces résultats quand ils seront annoncés", a-t-elle écrit dans un communiqué. 



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