Le boycott d’Israël par l’Afrique du Sud
Ronnie Kasrils - The Guardian
Quand le dirigeant Albert Luthulli fit appel à la communauté internationale pour qu’elle soutienne le boycott de l’Afrique du Sud de l’apartheid en 1958, la réponse fut un vaste et enthousiaste mouvement qui joua un rôle important dans la fin de l’apartheid. Au milieu des boycotts sportifs, des engagements d’auteurs dramatiques et d’artistes, des actions de travailleurs pour bloquer les produits sud-africains et les empêcher de pénétrer le marché local, et de la pression constante sur les Etats pour qu’ils retirent leur soutien au régime d’apartheid, le rôle des universités se trouva lui aussi en première ligne.
Un boycott international a contribué à la fin de l’apartheid en Afrique du Sud ; aujourd’hui, les Sud-Africains sont à la tête de l’opposition mondiale au racisme en Israël, écrit Ronnie Kasrils.
Des personnalités sud-africaines, dont Desmond Tutu, ont approuvé les récentes initiatives de boycott des institutions israéliennes.
Photo : David Silliltoe pour The Guardian
Quand le dirigeant Albert Luthulli fit appel à la communauté internationale pour qu’elle soutienne le boycott de l’Afrique du Sud de l’apartheid en 1958, la réponse fut un vaste et enthousiaste mouvement qui joua un rôle important dans la fin de l’apartheid. Au milieu des boycotts sportifs, des engagements d’auteurs dramatiques et d’artistes, des actions de travailleurs pour bloquer les produits sud-africains et les empêcher de pénétrer le marché local, et de la pression constante sur les Etats pour qu’ils retirent leur soutien au régime d’apartheid, le rôle des universités se trouva lui aussi en première ligne.
L’une des avancées significatives fut la résolution prise par 150 universitaires irlandais de ne pas accepter de postes universitaires ou de nominations en Afrique du Sud. En 1971, le Conseil du Trinity College de Dublin prit la décision de ne pas acquérir de participation dans toute entreprise de la République qui aurait des échanges commerciaux même par l’intermédiaire d’une filiale. Le Conseil décida par la suite que l’université ne conserverait aucun lien officiel ou institutionnel avec toute institution universitaire ou gouvernementale en Afrique du Sud.
Près de quatre décennies plus tard, la campagne de boycott, de désinvestissements et de sanctions gagne du terrain une fois encore en Afrique du Sud, et cette fois, contre l’apartheid israélien.
Déjà ce mois-ci, plus de 100 universitaires dans toute l’Afrique du Sud, de plus de 13 universités, ont apporté leur soutien à l’initiative de l’université de Johannesburg pour qu’il soit mit fin à la collaboration avec l’occupation israélienne. La campagne a encore progressé depuis et elle inclut aujourd’hui 200 sympathisants. La pétition universitaire sur l’ensemble du territoire, appelant à résilier tout accord entre l’université de Johannesburg et l’université israélienne Ben-Gourion au Néguev, a suscité un intérêt considérable. Avec la récente approbation de certaines voix éminentes d’Afrique du Sud, telles que Kader Asmal, Breyten Breytenbach, John Dugard, Antjie Krog, Mahmood Mamdani, Barney Pityana et Desmond Tutu, la déclaration confirme toute la force qu’a prise l’appel au boycott en Afrique du Sud :
« Nous, universitaires, reconnaissons que tous nos travaux universitaires s’inscrivent dans des contextes sociaux larges - particulièrement dans des institutions qui sont engagées dans la transformation sociale. Les institutions sud-africaines ont l’obligation de revoir les relations qu’elles ont forgées durant l’ère de l’apartheid avec d’autres institutions qui ont fermé les yeux sur l’oppression raciale, au prétexte d’un travail "purement universitaire ou scientifique" ».