AFRIQUE AUSTRALE: Un cancer lié au VIH trop peu diagnostiqué et traité

IRIN


Photo: Mujahid Safodien/PlusNews
Les centres de santé ruraux ont des difficultés à traiter les patients atteints du SK
MANZINI, 28 septembre 2010 (PlusNews) - Le Sarcome de Kaposi (SK), un cancer lié au VIH, ne fait peut-être pas les gros titres en Afrique australe, mais prendre en charge cette maladie qui laisse des marques et qui est potentiellement mortelle représente une tâche colossale pour les travailleurs sanitaires.

Savoir comment administrer une chimiothérapie dans un petit centre sanitaire rural n'est qu'une des nombreuses difficultés auxquelles sont confrontés les travailleurs de la santé pour traiter les patients souffrant du SK dans 10 centres sanitaires gérés par l'organisation internationale Médecins sans frontières dans le district de Chiradzulu, dans le sud du Malawi.


Parmi les autres défis figurent le manque d'infrastructures et d'équipements sécurisés pour les chimiothérapies injectables, la gestion incomplète des dossiers et les problèmes d'approvisionnement en médicaments, a dit Yamika Kapitao, travailleur sanitaire de MSF, lors de la rencontre annuelle de la Rural doctors association for Southern Africa (Association des médecins ruraux d'Afrique australe, RuDASA) au Swaziland, en août.

Le Malawi affiche une prévalence nationale du VIH d'environ 12 pour cent, mais selon des études menées par le ministère de la Santé et de la population, les districts du sud comme Chiradzulu et son voisin, Thyolo, ont des taux record de 21 pour cent. Une recherche de MSF présentée lors de la rencontre a révélé qu'environ sept pour cent des quelque 11 100 patients sous ARV ayant participé à cette recherche dans le district de Thyolo avaient un SK.

« L'incidence en Afrique est toujours plus basse que dans les pays développés, mais en raison du pic dans le nombre de nos patients, et parce qu'ils se présentent très tard [pour un traitement], cela reste un danger permanent », a dit le docteur François Venter, qui dirige la Southern African HIV clinicians society (Société des cliniciens du VIH d'Afrique australe), notant que le cancer était difficile à gérer même dans des contextes où les systèmes de santé bénéficiaient de meilleures ressources, comme les centres hospitaliers universitaires.
Le SK provoque des tâches anormales formées de tissus partiellement cancéreux de couleur rouge ou violette, qui grossissent sous la peau du patient, y compris dans la bouche, le nez, la gorge et d'autres organes. Ces lésions peuvent être douloureuses et si elles se propagent à l'appareil digestif ou aux poumons, elles peuvent provoquer des saignements et des difficultés respiratoires, d'après le National Cancer Institute (Institut national du cancer) basé aux Etats-Unis.

Le traitement ARV ne protège pas du SK – l'ensemble des quelque 400 patients traités par MSF pour un SK en 2010 était sous ARV – mais les médicaments peuvent empêcher un SK à un stade avancé de se développer. L'American cancer association a noté qu'en l'absence d'un traitement ARV, le SK pouvait évoluer rapidement et mener à la mort en à peine six mois.

Le chemin vers de meilleurs soins

En mai 2010, MSF a rédigé des recommandations pour les soins et le traitement des patients atteints du SK dans ses centres du Malawi, et a commencé à consacrer certains jours spécifiquement au traitement de la maladie. Les soins du SK étaient auparavant dispensés uniquement au niveau des hôpitaux publics de districts
M. Kapitao a dit qu'instituer des jours de traitement du SK avait entraîné une amélioration de la collecte des données et du suivi des patients, et avait permis aux infirmiers de mieux préparer la chimiothérapie et de minimiser leur exposition aux radiations.

L'organisation prévoit désormais de former des équipes aux soins palliatifs pour gérer les cas difficiles, et de développer un protocole pour guider les travailleurs sanitaires face aux besoins spécifiques des patients atteints du SK, y compris la manière de panser les lésions.

Le coordinateur médical de MSF en Afrique du Sud, le docteur Eric Goemaere, a dit qu'il faudrait également faire davantage dans le domaine du diagnostic.

« Nous devons toujours faire beaucoup de formations sur ce à quoi ressemble le SK », a dit M. Goemaere, qui a recommandé d'éduquer les patients dans les salles d'attente sur les symptômes du SK afin qu'ils puissent porter cela à l'attention des médecins, dont beaucoup ne décèlent pas les signes parce qu'ils demandent rarement aux patients habituels de se déshabiller.

M. Goemaere a dit que l'accès à la chimiothérapie et à des médicaments entraînant moins d'effets secondaires négatifs pour les patients séropositifs dont le système immunitaire est déjà affaibli était généralement limité en Afrique, en partie en raison du coût élevé

http://www.irinnews.org/fr/ReportFrench.aspx?ReportId=90609

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