Présidentielle : bon déroulement du 1er tour

France 2

Le chef d'Etat sortant Laurent Gbagbo fait campagne pour sa réélection, le 21 octobre 2010.
Le chef d'Etat sortant Laurent Gbagbo fait campagne pour sa réélection, le 21 octobre 2010.


AFP - Sia Kambou 
 
Les Ivoiriens se sont rendus en masse aux urnes pour une élection présidentielle qui s'est déroulée dans le calme
Ce scrutin est le premier en dix ans dans un pays coupé en deux depuis une tentative de coup d'Etat en 2002, avec au Nord les rebelles de Guillaume Soro, nommé Premier ministre en 2007, et au Sud les partisans du président Gbagbo.

Donné favori, Laurent Gbagbo est face à l'ancien président Henri Konan Bédié et l'ex-Premier ministre Alassane Ouattara.


Ces trois hommes dominent la vie politique depuis la mort en 1993 du "père de la Nation" Félix Houphouët-Boigny.

"Les élections se déroulent dans le calme. Nous sommes satisfaits", a estimé en milieu de journée Henri Konan Bédié, qui porte les couleurs du PDCI de feu Félix Houphouët-Boigny.

De son côté, Outtara, surnommé "ADO" par ses compatriotes, a
déclaré: "Bien entendu, nous demandons que cela se passe dans la paix et que cela conduise également au changement dont les Ivoiriens ont tant besoin".

Le dirigeant nordiste a ajouté: "Je voudrais féliciter les
forces de l'ordre pour l'encadrement des électeurs. Partout dans le pays, on me signale que les choses se passent bien".

La plupart des 20.000 bureaux de vote ont ouvert avec un peu de retard dans la matinée et doivent fermer à 18h00 (heure française).

Les résultats préliminaires seront annoncés dans les trois jours. Quelque 5,7 millions d'Ivoiriens étaient appelés aux urnes dimanche.

SMS suspendus: mise au point du gouvernement

Le Premier ministre ivoirien Guillaume Soro a assuré samedi soir que la diffusion des SMS serait "possible" dimanche, jour de l'élection présidentielle, alors que l'agence officielle des télécommunications en avait annoncé la suspension. "J'ai joint le ministre de l'Intérieur (Désiré Tagro, proche du président Laurent Gbagbo, ndlr) qui m'a assuré que les SMS seront possibles tout le long du scrutin", a-t-il affirmé lors d'une conférence de presse.

L'Agence des télécommunications de Côte d 'Ivoire (ATCI, publique) avait annoncé vendredi que la diffusion de ces messages serait suspendue de dimanche à mardi. L'organisme n'avait pas donné les raisons de la décision, évoquant simplement "une instruction reçue par l'ATCI". Une telle mesure avait été dénoncée par l'opposition ivoirienne comme le "présage d'une volonté manifeste" du camp Gbagbo de "manipuler les résultats". L'association Internet Sans Frontières (ISF) avait pour sa part estimé samedi qu'elle constituait "une atteinte majeure à la liberté d'expression".

La France positive mais vigilante

Quelques jours avant le vote, Paris se voulait positif, estimant qu'il n'y avait "plus aucun obstacle politique" au scrutin, dont la tenue était une condition posée par la France avant toute normalisation. "Le danger, c'est que les résultats ne soient pas acceptés par les uns ou les autres. Nous sommes raisonnablement optimistes mais nous resterons vigilants", affirmait-on dans l'entourage du président Nicolas Sarkozy. A l'avenir, "la Côte d 'Ivoire a vocation à redevenir un partenaire important de la France en Afrique", a-t-on ajouté.

Les rapports Paris-Abidjan s'étaient largement dégradés sous la présidence de Jacques Chirac (1995-2007): les partisans du président ivoirien ont reproché à la France de ne pas avoir apporté son aide contre les rebelles en 2002, et l'ont même accusée de soutien au putsch.
Les tensions avaient atteint leur paroxysme en novembre 2004, avec un bombardement de l'aviation ivoirienne causant la mort de 9 soldats français à Bouaké (centre), des affrontements sanglants entre armée française et manifestants ivoiriens à Abidjan, et le départ de près de 8000 ressortissants  français.

Aujourd'hui, la France ne compte plus en Côte d 'Ivoire qu'environ 12.000 ressortissants (contre cinq fois plus dans les années 1980), elle a fermé en juin 2009 sa seule base militaire permanente mais maintient sur place 900 soldats dans le cadre de sa force Licorne, placée sous bannière onusienne. La prochaine étape sera la renégociation de l'accord de défense qui lie les deux Etats depuis 1960.

Obama: "Cette élection constitue une étape cruciale dans la reconstruction de la Côte d 'Ivoire"

Le président des Etats-Unis Barack Obama a exprimé jeudi son attention à l'élection africaine. "Le gouvernement ivoirien, les candidats, leurs partisans et tous les acteurs du jeu politique doivent faire en sorte que cette élection présidentielle maintes fois retardée ait lieu de manière pacifique et transparente", a-t-il déclaré, selon un communiqué de la Maison Blanche. "Les habitants de Côte d 'Ivoire méritent de bénéficier de bonnes conditions de sécurité, et que leur choix soit accepté par tous les candidats", a encore prévenu le président des Etats-Unis.

"Cette élection constitue une étape cruciale dans la reconstruction de la Côte d'Ivoire. Les Etats-Unis sont solidaires des Ivoiriens au moment où ils se préparent pour des élections démocratiques qu'ils attendent depuis longtemps, et se rapprochent d'une paix et d'une prospérité durables", a conclu le dirigeant américain.

Une élection sous surveillance

De longues files d'attente se sont formées devant les bureaux de vote installés dans les écoles. Les transports en commun et très peu de  taxis circulaient en ce jour de vote à Abidjan, la grande cité lagunaire qui fait office de capitale économique.

Aux grands carrefours stratégiques, des véhicules blindés des casques bleus de l'Onuci ont pris position. Une semaine avant scrutin présidentiel en Côte d'Ivoire, en retard de cinq ans sur le calendrier initial, l'armée et les anciens rebelles n'avaient déployé qu'une petite partie des 8.000 hommes de leur force mixte pour assurer le bon déroulement du vote, dimanche.

"Nous estimons que 8.000 hommes sont nécessaires pour assurer la sécurité de cette élection. Je ne peux avancer de chiffre exact, mais nous en avons déployé jusqu'à présent quelque 1.500", a déclaré mercredi aux journalistes le chef d'état-major de l'armée, le général Philippe Mangou.

Outre la force mixte composée de l'armée régulière et d'anciens rebelles, 8.000 casques bleus de l'Onu ont également été mobilisés sur le terrain, de même qu'un contingent de quelques centaines de militaires français prêt à réagir en cas de troubles graves.
 

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